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et marquant de mille manières qu’ils ne croyaient pas à leur réalisation et ne les prenaient pas au sérieux. Plus encore que l’Exposition, l’affaire Dreyfus a modifié cet état d’esprit, ce que n’avaient pu faire ni les manifestations répétées et enthousiastes des apôtres du féminisme, ni les sociétés de la Paix et la réunion même de la conférence de La Haye. L’affaire Dreyfus a eu pour résultat de grouper les disciples de l’idée pure, de les arracher à leurs études et à leurs méditations pour les faire descendre sur la place publique et de leur donner une confiance nouvelle, et probablement fort exagérée, en leurs talents pour gouverner la société. De là l’espèce d’effervescence d’idées et d’utopies qui s’est produite à la suite du procès de Rennes et à laquelle l’Exposition vint fournir une occasion unique de s’épancher en manifestations solennelles. Le congrès féministe qui s’est tenu pendant l’Exposition, a été marqué par de tumultueux incidents et son principal tort a consisté à vouloir aborder toutes les questions à la fois, ce qui est en général la meilleure façon de n’en résoudre aucune ; mais il est indéniable qu’une grande partie de l’opinion publique s’y est intéressée et en a suivi, avec quelque attention, les travaux et