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la chronique

suprême, l’image du grandiose édifice s’incrusta inconsciemment en leurs mémoires, assez avant pour y laisser une empreinte durable et pour expliquer qu’ils aient cherché, dans la suite, à en relever quelques murailles.

Trois ans après naissait la deuxième légende, la République. L’enthousiasme qu’elle provoqua ne fut ni spontané ni irréfléchi. La République était l’aboutissement normal d’un mouvement lointain ; pour en marquer les origines, il faudrait remonter sans doute jusqu’à l’introduction de la Réforme en France et à l’Édit de Nantes qui lui donna droit de cité. Henri IV eut beau sacrifier ses croyances personnelles au souci de refaire l’unité du Royaume, il n’en demeura pas moins le grand champion de la liberté de penser et cette liberté, vaincue mais non terrassée par Louis XIV, soutenue et défendue par Voltaire et Rousseau, devait en 1792, étant donné le tempérament des Français et le désordre des circonstances, aboutir à quelque chose d’excessif et d’outré ; les rêves généreux, les ardentes philanthropies, les espoirs géants devaient provoquer certain jour une explosion d’idéalisme forcené ; telle fut la légende républicaine, à l’instant fugitif où les mauvaises passions ne