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la chronique

étanches ; aller de l’un à l’autre ne vient à l’idée de personne ; on dirait que non seulement il n’existe plus de communications, mais que le besoin a cessé de s’en faire sentir. Et, chose curieuse, la période révolutionnaire est, à cet égard, plus une que la période de calme relatif qui lui a succédé. Entre les États-Généraux, l’Assemblée législative, la Convention, le Directoire, le Consulat, le lien logique reste tendu comme un fil télégraphique au bord d’une route. On le suit des yeux et l’on compte aisément les étapes qu’il franchit. Au contraire, la Restauration, la Monarchie de Juillet, la République de 1848, le Second Empire, la Troisième République ne présentent aucune apparence d’une filiation commune. On se prend à douter que le peuple sur lequel régnèrent Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe et Napoléon III soit le même que dirigèrent Lamartine, Cavaignac, Thiers et Gambetta. Les historiens apparemment ont partagé cette impression, car ils ont envisagé le règne de chaque souverain, la période d’influence de chaque homme d’État, séparément, isolément, sans essayer de reconstituer sous les dehors fuyants, la permanence nationale. C’est par cette permanence