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la chronique

d’imagination, rien que les admirables épopées de Pierre Loti, Pêcheurs d’Islande et le Roman d’un Spahi.

Et nous serions tentés de désigner comme le principal artisan de cette décadence, l’habile écrivain auquel on a élevé un monument « fin de siècle », dans le Parc Monceau : Guy de Maupassant. Maupassant n’a point dévoyé le roman français, mais l’ayant trouvé en train de se dévoyer, il l’a confirmé dans ses tendances en lui disant qu’elles étaient bonnes. Son talent n’a servi qu’à glorifier le sujet vulgaire, celui qui ne s’attache ni à faire revivre un morceau dépassé, ni à provoquer une amélioration pour l’avenir, ni à dépeindre de nobles passions. Le sujet vulgaire a triomphé par lui, car il a su le revêtir d’une forme exquise ; c’est dans le culte de cette idole inintéressante, la volupté bourgeoise, que s’est fané et flétri le roman français. Certes, il garde des charmes jusqu’en son déclin, assez grands même, pour que son prestige semble lui survivre, tant que des rivaux trop redoutables ne se manifestent pas trop près de lui. Mais il n’est plus en mesure de supporter le triple voisinage d’un Tolstoï, d’un Sienkievicz et d’un d’Annunzio.