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des aventures louches en les salant le plus possible. Et là, encore, ma foi ! il y a du talent, du travail et de l’esprit. Pourtant, lorsque paraissent sur l’horizon un Pétrone, un Stelio Effrena, une Maslova, tous nos personnages prennent l’air de petits criquets éphémères qu’on s’amuse un instant à voir danser et qu’on oublie l’instant d’après. Frédérique, Lea, le député Bayonne, Mathieu Froment et le riche usinier son patron, M. Bergeret, l’abbé Guitrel et le préfet, et les soldats de Napoléon et les lycéens de Nancy et le petit Bob et les trois gommeux, ce sont des ombres du Chat Noir ; les silhouettes s’y trouvent, spirituelles et fines ; le relief est absent. Tous ces livres ne semblent point faits pour durer ; on ne les imagine pas entre les mains de nos fils ; dans vingt ans, leur actualité se sera évanouie : on s’apercevra de leur inexactitude comme documents historiques et de leur insignifiance au point de vue humain. Nous ne craignons pas de dire, quand bien même la sévérité de ce jugement nous afflige nous-mêmes, qu’à part le Jack de Daudet et le Disciple et la Terre Promise, ces deux puissantes œuvres de Paul Bourget, propres à marquer une époque, rien ou presque rien ne surnagera de toute cette littérature