Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1900.djvu/190

Cette page a été validée par deux contributeurs.
172
la chronique

L’Éloquence et la Poésie.

Elles sont entrées l’une et l’autre dans une période grise. Les vides, que la mort n’a cessé de faire dans les rangs de leurs disciples, n’ont point été comblés. Personne n’a succédé à Gambetta ni à Victor Hugo et sans monter aussi haut dans l’échelle du talent, Jules Simon et Leconte de l’Isle n’ont point été remplacés. Il ne manque pas, certes, de bons orateurs et même la moyenne s’en est certainement accrue. La parole française conserve ces qualités de grâce et de clarté qui l’ont toujours rendue si séduisante. Le discours de l’homme politique a peut-être gagné en précision, celui de l’homme d’affaires en élégance, celui du professeur en finesse. Mais partout le souffle fait défaut ; les sujets d’enthousiasme s’étant épuisés ne se sont pas renouvelés et la cause de la révolution sociale reste trop imprégnée d’arrière-pensées matérialistes, trop obstinément liée à des négations de tout genre pour avoir pu, jusqu’ici, susciter un Mirabeau. L’éloquence religieuse se ressent pareillement du manque d’inspiration ; les violences à l’aide desquelles elle cherche parfois à