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trielle ; encore des juges compétents pensent-ils que les syndicats qui prennent véritablement intérêt au fonctionnement de l’institution ne sont guère plus de 200.000. En tous les cas on ne saurait indiquer plus clairement l’intention de travailler à rendre le syndicat presque obligatoire par les avantages et l’influence qu’on lui confère.

Quant à la grève, le congrès ouvrier de Montceau-les-Mines avait émis le vœu qu’elle ne put être déclarée que lorsque la majorité des travailleurs, consultés en Assemblée générale, aurait décidé, par vote secret, la cessation du travail qui deviendrait alors obligatoire pour tous. M. Millerand approuve l’idée et, non sans audace, il en fait l’apologie en inaugurant, à l’Exposition, le pavillon du Creusot. « Lorsque des centaines et des milliers d’ouvriers, dit-il, vivent d’une exploitation et la font vivre, on ne saurait prétendre qu’ils constituent des individualités isolées avec lesquelles il soit possible aux patrons de traiter isolément : leurs intérêts sont liés entre eux comme ils le sont avec ceux mêmes de la société ». Reprenant le même sujet à Lens, M. Millerand dit : « En fait, peut-on nier que la grève, résolue par un groupe de travailleurs, qui n’est pas toujours la majorité, s’impose à tous ?