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incidents de détail, la conscience du pays a clairement perçu et ce qui explique l’inquiétude et le souci qui la tourmentent. Il est impossible qu’un gouvernement conscient de ses responsabilités ne les ait pas ressentis au moins aussi vivement que le pays lui-même.

« Dans ces grèves, un second ordre de faits a ému l’opinion publique. Elle a le sentiment que, si la liberté de la grève est entière, la liberté du travail n’est pas toujours efficacement protégée. Menaces, attroupements, huées, violences, les grévistes ont pu à peu près tout se permettre. La rue leur a été abandonnée et ils l’ont si bien occupée que les ouvriers indépendants n’ont pu se rendre à leur chantier, sans être molestés, injuriés de toutes les manières et quelquefois battus. À Marseille, le maire, M. Flaissières, par des ordres qui ressemblaient à une ironie, recommandait à la police de respecter et de protéger le droit des grévistes, lesquels montaient alors sur les bateaux pour en débaucher les équipages et faisaient bonne garde sur les quais et devant les entrepôts et usines pour y empêcher tout travail. Que de fois, au Havre et à Dunkerque, les ouvriers qui voulaient travailler ont dû rentrer chez eux parce qu’ils ne