Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1900.djvu/155

Cette page a été validée par deux contributeurs.
137
de france

Beaucoup de dorures et de soies brochées furent la seule et insuffisante caractéristique de ce temps ; le mobilier visait à la richesse, et voilà tout. Aux environs de 1880, des tendances vers un art nouveau se manifestèrent, mais cet art s’est longtemps cherché ; en 1889, il n’avait pas encore assez confiance en lui-même pour s’exposer aux critiques ; l’assurance qu’il a prise est toute récente. Les critiques, cependant, ont été le chercher jusqu’en son berceau. Dès sa naissance, une double accusation a pesé sur lui ; on lui a reproché son origine anglomane et son caractère décadent. Ces reproches sont injustifiés ; l’art nouveau n’est pas le produit d’une puérile anglomanie ; il est européen, mais son apparition a coïncidé avec l’effet causé en Angleterre par la croisade Ruskinienne. S’il n’est pas anglais, il a eu pour apôtre un anglais, de là, vient qu’à l’origine il s’est parfois coloré de britannisme. Pour une raison analogue, il a pris, ailleurs, des allures décadentes, c’est-à-dire hésitantes et veules, les décadents s’étant emparé de lui et l’ayant forcé à traduire leurs aspirations imprécises et malsaines. Mais ces phénomènes étaient passagers ; rien de tout cela n’était de son essence