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études historiques

perpétuer le paupérisme. Il y avait encore l’Irlande où l’éloquence d’O’Connell entreprenait de grouper les catholiques en vue de les soustraire à la tyrannie qui pesait sur eux et aussi la question de l’esclavage dans les colonies contre le principe duquel la conscience publique commençait tout de même à se rebeller.

Sur ces entrefaites mourut Guillaume iv. Il avait, en 1830, remplacé son frère Georges iv. L’héritier était leur nièce, la princesse Victoria qui venait d’atteindre ses dix-huit ans. En vertu du privilège masculin, la couronne de Hanovre ne lui revenait point ; ainsi se rompait le lien malheureux qui, depuis cent vingt-trois ans, tenait unis le Hanovre et l’Angleterre. Un règne s’inaugurait à Londres qui en allait durer soixante-trois (1837-1901) et dédommagerait largement le peuple anglais de la patience avec laquelle il avait supporté une lignée jusqu’alors si peu digne du pouvoir.


Napoléon iii, héritier de la monarchie.

Ni l’empereur ni ses collaborateurs n’étaient des hommes de génie ; mais s’étant orientés au début dans une voie conforme aux besoins nouveaux qui allaient se manifester, ils avaient eu la chance de bénéficier de circonstances favorables à leur initiative. Cette orientation était en grande partie le fait personnel de Napoléon iii. Il y avait en lui une sorte de divination qui lui faisait parfois pressentir ce que de plus intelligents n’apercevaient point. Malheureusement ce don fut bientôt annihilé par un état de santé qui devait finir par faire de lui le jouet des circonstances ; et cela, en un temps, où il eut fallu la plus grande dextérité pour naviguer à travers les écueils sans mettre en péril le vaisseau national. L’évolution de l’Europe était fatale. Il pouvait être très fructueux pour la France inapte à l’empêcher, de paraître y présider. C’était là de la grande politique. Des desseins d’une telle envergure nécessitent avant tout une continuité patiente et ferme. Dans la seconde partie de son règne, Napoléon iii en manqua complètement. Il avait foi en son étoile sans avoir pour cela la confiance en soi-même ; de là, les apparentes complexités d’un caractère en somme plutôt simple. Le sort