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une descente au monde sous-terrien

Le président eut un regard vague pour le ventre circonférent du tout petit homme. Mais il était beaucoap trop courtois pour laisser voir sa surprise.

— Tous mes compliments, Monsieur, dit-il. Il y a déjà quelque temps que je ne vis plus sur la terre, mais il me semblait, lorsque je l’ai quittée, que le goût des aventures s’y perdait de plus en plus, et je suis heureux de constater que mes anciens compatriotes n’ont pas oublié toute ardeur et tout entrain. L’amour des aventures mène à de fort belles choses.

— Enfin, Monsieur le Président, j’ai l’bonneur de vous présenter Monsieur Julius-Ludovic Van Tratter, membre de l’Académie des sciences de Saardam, oncle de Mademoiselle, et linguiste distingué. Monsieur Julius-Ludovic Van Tratter passe pour parler et écrire toutes les langues du globe.

André-Phocas de Haute-Lignée eut un sourire indulgent.

— Je félicite Monsieur de sa profonde érudition, dit-il, mais je doute qu’il connaisse tous les langages de la terre. Ah ! si vous aviez dit, capitaine, toutes les langues qu’on parle sur la terre, je m’inclinerais. Mais il en existe d’autres, sans sortir de la planète, et celles-ci, je ne crois pas que Monsieur Julius Van Tratter en ait jamais entendu prononcer un mot.

Van Tratter, à ces propositions exorbitantes, avait consenti à descendre des étoiles. Il s’était légèrement hérissé. Un idiome dont il ne connaîtrait rien… dont il ne soupçonnerait pas l’existence… sans sortir de la planète !… Était-ce à lui qu’il fallait raconter de semblables billevesées ? Van Tratter aurait volontiers éclaté tout de suite, mais il réfléchit qu’il