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une descente au monde sous-terrien

sur le visage, et que son torse et ses bras étaient recouverts d’écailles vert sombre. La curiosité augmenta naturellement.

Et quand la barque ne fut plus qu’à une quinzaine de mètres, l’étrange individu s’enfonça lentement, sans un mouvement ressemblant à ceux de la natation ou de la plongée, comme un ludion dans son bocal. La vue des hommes ne paraissait d’ailleurs pas l’avoir effrayé. Il avait quitté la surface sans hâte, et s’était arrêté à deux mètres de profondeur, d’où il étudiait, sans se troubler, les faits et gestes des habitants de la baleinière du Pétrel. Le petit docteur, curieux par nature comme une femme et naturaliste très distingué par-dessus le marché, bouillait d’impatience. Il s’agitait sur sa banquette et poussait de vives exclamations. Jean Kerbiquet n’était pas moins intéressé. Le père Plougonnec, qui avait cependant « bourlingué » sur toutes les mers, comme il disait, et qui avait vu toutes sortes de bêtes aquatiques, se demandait à voix haute « ce que ça pouvait bien être que ce négociant-là, qui avait une tête, des bras et des jambes comme un homme, et qui respirait dans la tasse comme un poisson naturel ? »

— Existerait-il une race d’hommes amphibies ? demanda Jean Kerbiquet au docteur.

— Je n’en avais jamais entendu parler, répondit Francken, mais je vous avoue que ce que nous voyons me confond. Ceci est bien évidemment un homme, malgré les écailles ; il ne peut pas y avoir le moindre doute à ce sujet ; son attitude, sa façon de nous observer le prouvent surabondamment, et cependant, voici près de cinq minutes qu’il est sous