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une descente au monde sous-terrien

et que les eaux étaient complètement désertes jusqu’à l’horizon ?

— Qu’on m’attende ! cria Kerbiquet. J’y vais moi-même.

— J’y voudrais bien aller aussi ? demanda Francken.

— Embarquez, docteur.

Tous deux montèrent dans la baleinière, ainsi que le patron Plougonnec et cinq hommes de l’équipage. Le docteur s’était muni de sa boîte à médicaments, en cas de besoin. L’embarcation tourna sur ses pistolets et descendit à l’eau. Les six hommes se mirent aux avirons de toute leur énergie, tandis que le capitaine barrait sur le naufragé en expectative, qui paraissait très tranquille sur la mer et faisait lentement la bouteille à rafraîchir.

Francken, sa jumelle aux yeux, ne le perdait pas du regard, et émettait tout haut ses réflexions :

— Eh bien ! capitaine, disait-il, voilà un individu que son danger n’impressionne pas beaucoup. Il nous regarde venir, une main en visière au-dessus des yeux pour se protéger du soleil, et ne fait pas un seul mouvement Quel singulier noyé est-ce là ? Ma parole d’honneur, il a l’air chez lui, dans l’eau, comme nous sur le plancher des vaches. Je n’ai jamais rien vu de pareil.

La baleinière avançait à grande allure, cependant, et la distance entre elle et le bizarre nageur diminuait à vue d’œil. Bientôt chacun put le distinguer nettement et sans le secours d’aucune lunette. L’homme était toujours immobile sur l’eau, la tête et les épaules dehors, la main en parasoleil sur les yeux. Francken déclara alors qu’il avait une sorte de masque