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une descente au monde sous-terrien

aux tubulaires d’une chaudière, et qu’il lui fallait à peu près deux heures pour la réparer.

Le capitaine fit établir une voilure sommaire, non pas dans l’espoir d’avancer, car il avait à peine assez de brise pour gonfler la toile, mais dans le but de garder la direction, si c’était possible.

Et on attendit.

Vers sept heures, Wurtzler fit dire qu’il était prêt, et le Pétrel reprit sa marche. Mais tout le monde sentit, au bruit seul de la machine, et à la façon dont l’hélice tournait dans l’eau qu’il y avait quelque chose de changé, que le bateau n’avait plus son allure franche d’habitude, qu’il était pour ainsi dire blessé.

Jean Kerbiquet fit venir le mécanicien, et lui ordonna d’exposer nettement la situation.

— Nous ne sommes pas loin de la côte américaine, dit-il ; si la machine avait besoin d’une réparation sérieuse, si nous devions rester en panne demain ou après-demain, j’aimerais mieux relâcher tout de suite. Dites-moi donc exactement où nous en sommes.

— Capitaine, répondit Wurtzler, la machine n’a pas d’avarie importante, et les chaudières peuvent fonctionner trois mois, pourvu qu’on ne les chauffe pas trop. Si vous voulez avoir confiance en moi, je me charge d’arriver au cap Horn et de rentrer à Dunkerque par nos seuls moyens.

Plougonnec était présent à cet entretien ; il regardait Wurtzler avec beaucoup de surprise, et aussi avec beaucoup d’attention.