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une descente au monde sous-terrien

La vie coula ainsi, heureuse et sans incidents, à bord de Pétrel, pendant dix jours environ. Le beau temps se maintenait ; le vent, même, était complètement tombé ; la mer avait cessé d’être houleuse, et c’est sur un lac d’huile que le yacht paraissait filer. Le onzième jour, le point qu’on faisait à midi donna pour résultat : latitude sud, 0° 2’ ; longitude ouest, 32° 5’. Le navire venait de franchir l’Équateur, et piquait droit dans la direction du pôle antarctique.

Dans une sorte d’antichambre, précédant le salon, était suspendue une mappemonde où Jean Kerbiquet avait la coutume de marquer, toutes les vingt-quatre heures, à midi, la route parcourue depuis la veille. Cette façon de procéder permettait aux passagers, et aussi aux chefs de service qui en avaient besoin, de se rendre compte du point sans interroger personne. Les hommes de l’équipage usaient généralement peu de ce renseignement, pour deux raisons : la première, c’est qu’ils se sentaient déplacés et gênés dans les parages habités par le beau monde, et la seconde, c’est qu’il leur était parfaitement égal, pendant la route, de se trouver ici ou là, en bas ou en l’air de la carte, pourvu qu’il y eût de l’eau sous la quille et que le « sabot » tînt ses mâts du côté du ciel.

Assez curieusement, toutefois, la veille, Wurtzler était venu jusqu’à cette carte et avait regardé la position du Pétrel. Il l’avait étudié longuement, l’air soucieux. Le capitaine était passé auprès de lui pendant cette opération ; il avait retiré sa casquette et s’était éloigné d’un mouvement indifférent.

Le jour où l’on venait de passer la ligne, comme disent les marins en traversant l’Équateur, il refit la promenade et