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une descente au monde sous-terrien

— J’peux vous rhabiller vot’machine de bout en bout.

— Ah ! ah !… Ça, c’est bon. T’as des papiers ?

— V’là mon livret. Dernier passage sur l’Arc-en-Ciel, des Messageries.

— Pourquoi qu’t’as quitté ?

— Parce que j’voulais pas r’tourner en Chine.

— Eh ben ! garçon, y a p’t’être quéque chose à fricoter pour toi par ici, vu qu’j’ai un failli terrien d’malheur qu’a dérapé à midi pour s’acheter un tricot, et qu’a dû s’boissonner l’museau comme la bourrique à Robespierre. Sûr qu’y va rater la patache, c’calamar d’imbécile qu’il est. Reviens donc faire un tour dans l’tournant d’une bonne demi-heure. On verra voir à causer pour du bon, si l’autre n’est pas rentré.

Une demi-heure après, l’autre n’était pas rentré, contre toutes ses habitudes, et le mécanicien de hasard embarquait pour tenir sa place. Il s’appelait Johann Wurtzler.

Une autre scène, et qui celle-là non plus ne manquait pas d’originalité, comme on en jugera, s’était déroulée à bord du Pétrel. Les passagers étaient à table, et le capitaine était venu leur tenir compagnie quelques instants, quand on lui annonça qu’un étranger demandait à le voir pour affaire ne supportant aucun retard, et ayant trait au but de son expédition. Le matelot qui l’annonçait apportait en même temps une carte de visite au nom de William Richardson, journaliste à New-York.

Jean Kerbiquet remonta sur sa passerelle, et y vit bientôt apparaître un petit Américain tout à fait extraordinaire, moustache rasée, fer à cheval carotte, casquette minuscule