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une descente au monde sous-terrien

— Moi non plus ; mais il n’y a pas moyen de faire autrement. Allez, Plougonnec, et parez à cette affaire-là vous-même.

Plougonnec remit son bonnet sur sa tête, sa chique dans sa bouche, et descendit de la passerelle.

Et il n’avait pas fait dix pas le long du bordage qu’une voix l’appelait de l’extérieur.

— Patron !… Eh ! patron !…

Ptougonnec regarda sur le quai. Il y vit, dans l’ombre, un individu suffisamment grand, suffisamment sombre, suffisamment maigre, et qui, au premier abord, ne lui disait pas grand’chose de fameux.

— Quoi que tu veux, toi ?

— Si c’était un effet d’savoir s’y a de l’embauche à bord pour un bon ouvrier.

— Un bon ouvrier, toi ? T’as pas trop l’air d’un bon ouvrier. Tu ressembles à Jean-Roule-ta-Misère, qu’avait pas tant seulement une chemise pour s’en aller chez le diable.

— Faut pas toujours juger les gens sur la mine, patron. Y a des hauts et des bas, dans l’existence du pauv’monde. Et c’est pas toujours les plus huppés qu’est les plus braves.

— Pour ça, t’as raison, mon fils. Et quoi que tu sais fabriquer ?

— Mécanicien, à votre usance.

— Mécanicien ?

— Bon mécanicien, j’peux m’en flatter.

Plougonnec avait soulevé son bonnet et grattait sa tignasse grise.

— Mécanicien ?… Tu sais-t-y faire les réparations ?