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une descente au monde sous-terrien

— Qu’y a-t-il, Plougonnec ? lui demandait Jean Kerbiquet.

— Ben… y a… capitaine… y a… capitaine, que c’failli matelot d’Leurzon, qu’est mécanicien pour le quart d’heure, a parti sur la piquette de midi pour s’acheter un tricot su’l’port, et qu’y n’est point encore rentré. Pour lors que j’suis cordialement embêté, c’est le cas d’dire, capitaine, vu qu’c’est not’meilleur, et qu’les autres sont tous si bêtes comme des andouilles, au respect que j’vous dois. Et qu’on va déraper dans pas tant seulement une heure.

— Faites-le chercher dans les cabarets, et qu’on le rapporte comme on le trouvera.

— Fait’excuse, commandant, que j’l’ai déjà fait quérir, c’carcan d’marin d’eau douce, et qu’y n’est point à trouver nulle part.

— Est-ce qu’il boit, d’habitude ?

— C’est pas qu’y boit d’habitude, capitaine ? non, ça peut pas s’dire ; seulement, quand il a sa tasse, il est comme vous et moi, n’est-ce pas, capitaine ? il pense plus à son ouvrage.

— Nous ne pouvons pas partir sans lui ?

— Dam ! c’est difficile. Y a que lui qui puisse nous réparer, s’il nous arrivait une anicroche en route, les autres sont tant seulement pas bons qu’à s’taper sur les doigts d’avee un marteau d’enfant. C’est tous des crabes que j’en donnerais pas six liards d’une douzaine…

— Eh bien ! faites chercher encore. Si, au dernier moment, vous ne l’avez pas trouvé, vous embaucherez n’importe qui. Il n’en manque pas qui traînent à terre, des mécaniciens.

— C’est vrai, commandant. Mais ça sera pas d’Leurzon. Et puis, j’aime pas les figures neuves.