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une descente au monde sous-terrien

Le petit homme jaune filait donc, son chapeau rabattu sur les yeux.

Le capitaine le reconnut toutefois à la forme orientale de son visage.

— Pardon, dit-il, j’ai à vous parler. Vous êtes Ah Fung ?

— Van Ah Fung, Monsieur. Et je crie au secours si vous m’approchez.

— Je ne vous approcherai pas, et vous pouvez crier au secours tant qu’il vous plaira. Congo, tu vas battre Monsieur. Quant à vous, je vous avertis que plus vous ferez de bruit et plus ça durera. En route, Congo, frotte ce Chinois. Ne l’abîme pas trop ; je veux lui donner une bonne leçon.

Congo, dans le couloir même de la maison, la porte d’entrée ayant été refermée, mit sous son bras Van Ah Fung, vert de rage impuissante, et commença de faire choir en cadence, sur les muscles ronds de son individu que nous ne désignerons pas davantage, d’énormes claques, qui sonnaient comme des coups de battoir de blanchisseuse. Le Chinois frétillait et grognait, mais il n’osait pas hurler, de peur d’allonger son supplice.

Jean Kerbiquet s’était adossé au mur, et, l’œil gouailleur, faisait un petit discours curieusement scandé par l’abaissement périodique de la gigantesque patte de Congo.

— Mon cher Monsieur… (pan !) quand on veut déblatérer sur les gens…(pan !) il faut au moins prendre la précaution… (pan !) de choisir des individus disposés à se laisser faire… (pan !) Moi. je ne sois pas disposé à me laisser faire… (pan !) J’ai l’exécrable habitude, quand on me frappe… (pan !)