Page:Pierre Luguet Une descente au monde sous-terrien 1909.djvu/47

Cette page n’a pas encore été corrigée

41
une descente au monde sous-terrien

la brousse, et de m’embarquer à Quiloa pour Sydney. Je reste huit jours à terre, et en rentrant à l’hôtel, le neuvième, qu’est-ce que je trouve dans ma chambre ? Congo, qui m’avait suivi sur un steamer quelconque comme matelot ou comme cuisinier, je ne sais plus, il avait retrouvé ma trace, et ma destination. Notez qu’à cette époque il ne parlait pas autre chose que sa langue maternelle, une sorte d’impossible charabia où personne ne comprend goutte.

« J’ai désarmé. Depuis, il m’a suivi partout. Je ne le paie pas, je ne m’occupe jamais de lui ; il couche en travers de ma porte quand je suis à terre, et je ne sais où quand je suis à bord. Il m’a sauvé la vie huit ou dix fois ; il a massacré des hommes qui avaient seulement fait mine de lever un doigt contre moi ; il m’obéit comme si j’étais le bon Dieu ; je crois que j’en ai pour la vie. N’est-ce pas, Congo ?

— Oui, cap’taine, répondit le géant

— Voilà ! conclut gaiement Kerbiquet. Au moins il ne l’envoie pas dire.

— Mais, reprit le docteur, vous disiez tout à l’heure que votre matelot était probablement Congolais. Est-ce que vous n’en êtes pas sûr ?

— Non. Et lui non plus, du reste. Sa mère a été enlevée comme esclave et vendue d’une tribu à l’autre pendant toute l’enfance de Congo. Lui-même ne s’est à peu près fixé quelque part qu’à l’âge d’homme. En sorte qu’il ne sait exactement ni son lieu d’origine ni le nombre de ses années. Il aurait du sang cafre dans les veines que je ne m’en étonnerais pas outre mesure.

— Il y aurait un moyen de le savoir, poursuivit Francken.