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une descente au monde sous-terrien

sentât. On alla le chercher : il s’assit près du poêle et ne bougea plus.

— Comment, demanda Francken, avez-vous ce superbe nègre à votre service ? Je les croyais peu marins. Je sais bien qu’on les emploie comme chauffeurs dans les mers chaudes, mais ils ne restent à bord, généralement, que le temps d’amasser un petit pécule qui leur permette de rentrer dans leur pays.

— C’est parfaitement exact, répondit Jean Kerbiquet. Et ce qu’il faudrait ajouter, c’est qu’on a tort de les faire servir dans les machineries, même en traversant les mers chaudes, parce qu’ils supportent la température spéciale du fond moins bien que les Européens.

— Vraiment ?

— Je l’ai constaté cent fois. Ces gens-là sont habitués au soleil équatorial, en plein air. Ils vivent à leur aise sous une chaleur ou nous cuisons, mais celle de la machine est toute particulière, et leur fait mal. N’est-ce pas, Congo ?

— Oui, cap’taine. Chauffeur, pas bon.

— Pour en revenir à celui-ci, que je crois Congolais sans en être bien certain, je l’ai pris à mon service au moment où il allait être rôti, et mangé.

— Oh ! s’écria-t-on de toutes parts avec horreur.

— Quand je dis que je l’ai pris à mon service, ajouta Kerbiquet, c’est inexact. C’est lui qui s’y est imposé. J’étais au Congo, voyageant à petites journées et sous une bonne escorte, lorsque nous arrivâmes à un village où tout semblait en l’air. Quelque festin se préparait évidemment. Le roitelet du pays, à qui j’allai immédiatement rendre visite,