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une descente au monde sous-terrien

toutes parts, ont examiné nos provisions, dont ils ont sur le champ dévoré une partie, et se sont installés autour de nous, assis dans la mer, pour nous surveiller.

« Ces monstres sont amphibies, comme je vous l’ai dit ; ils vivent aussi aisément dans l’air que dans l’eau. Ils ont le pouce du pied opposé comme les quadrumanes, et un soupçon d’appendice caudal. Ils sont d’une agilité surprenante dans les deux éléments.

« Les Anglaises sont sorties l’une après l’autre de leur évanouissement. Elles gémissent comme des âmes en peine, et moi j’écris, sans savoir si ces feuillets arriveront jamais quelque part, et même si je pourrai les faire partir. Cependant, j’ai auprès de moi un bocal que nos capteurs y ont laissé, et le bouchon de ce bocal. Peut-être, avec un peu d’adresse, arriverai-je à confier le tout à la mer. La Providence voudra sans doute faire le reste.

« Les singes me laissent écrire parce qu’ils ne comprennent pas ce que je fais. De temps en temps l’un d’eux se met à la nage, gagne la côte, saute lestement jusqu’à une crête voisine, et regarde dans la nuit. Ils attendent certainement quelqu’un ou quelque chose.

« Quant à ce qu’ils veulent faire de nous, je n’en ai pas la première idée. Ils causent entre eux et nous regardent beaucoup ; parfois ils s’approchent pour nous examiner curieusement, et ce sont leurs yeux phosphorescents qui nous éclairent, mais il est impossible de rien déduire de leurs gestes, si différents des nôtres, ou de leurs paroles, dont pas une seule articulation ne peut signifier quelque chose dans le langage humain.