Page:Pierre Luguet Une descente au monde sous-terrien 1909.djvu/32

Cette page n’a pas encore été corrigée

26
une descente au monde sous-terrien

drait rien. Mais ils échangèrent leurs pensées au moyen d’un idiome articulé, et ceci seul indiquerait que ce sont des êtres supérieurs. La façon dont ils nous ont traités en serait une autre preuve. Leurs actions ne sont pas déterminées par l’impulsion de l’instinct, mais par celle du raisonnement ; ils les concertent et se consultent avant de les accomplir ; elles sont variées indéfiniment comme les nôtres. Ce n’est pas la collection de gestes que la Nature a permis à une certaine catégorie d’animaux en lui défendant les autres ; c’est l’initiative humaine, s’inspirant de toutes les circonstances et sachant s’y approprier. Ces monstres sont des hommes ; il m’est absolument impossible d’en douter. »

Un murmure de stupéfaction courut dans l’auditoire. Connaissons-nous donc si mal la Terre, disait clairement ce murmure, que des êtres pareils puissent y vivre sans que nous nous en doutions ?

« Je ne sais, mes chers amis, poursuivit le président feuilletant toujours avec précaution la lettre de Cornélius Van de Boot, comment j’ai encore le sang froid nécessaire pour vous parler avec calme de ces choses. Il faut que je sois bien Hollandais. Car nous sommes dans une position terrible, et entièrement au pouvoir de ces êtres jusqu’à présent insoupçonnés.

« En les voyant apparaître, mes deux compagnes se sont évanouies. Moi, je ne me suis pas évanoui, mais j’étais dans un état d’horreur et de frayeur, que je n’ai pas pu tenter un seul mouvement pour me défendre ou m’enfuir. Qu’aurais-je fait, d’ailleurs, seul et sans armes, contre une vingtaine de géants ? Ils nous ont emportés sur un rocher entouré d’eau de