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une descente au monde sous-terrien

de nos conserves et de coquillages, et nous abritant du mieux que nous le pouvions des dernières violences de la tempête.

« Et hier soir, comme le jour tombait, nous avons été assaillis par des monstres dont je ne croyais pas possible la présence sur la terre, et dont la seule présence a failli nous faire périr de terreur.

« Des singes de huit et neuf pieds de hauteur, je ne puis pas mieux les définir. Des singes de huit et neuf pieds de hauteur mais luisants, gluants, froids, verdâtres, couverts d’écailles, doués d’une force musculaire colossale, qui sont amphibies et qui nous regardaient avec des yeux féroces et phosphorescents ! »

Un cri d’horreur jaillit par toute l’Académie à la suite de cette terrifiante description. Wîlhelmine était devenue blanche comme une morte ; Congo roulait des yeux larges comme des chronomètres ; Jean Kerbiquet était le seul, peut-être, qui eut conservé son sang-froid.

— Ne t’inquiète pas, dit-il à son nègre, nous irons demander leur âge à ces singes-là.

Cette assurance parut rendre à Congo son égalité d’âme ; il sourit, même, ce qui fit croire à ses voisins immédiats qu’on venait d’ouvrir un four de boulanger, ou qu’ils arrivaient à la gueule d’un tunnel.

« Ce qu’il y a de plus déconcertant et de plus invraisemblable, dit le président poursuivant sa lecture, c’est que ces hideux animaux sont des êtres intelligents, pensant, parlant et agissant comme nous. Quand je dis : parlant comme nous, ce n’est qu’une figure, car ils emploient un jargon auquel mon savant ami et collègue Van Tratter lui-même n’enten-