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une descente au monde sous-terrien

Margaret et Lhelma ne purent retenir un cri d’horreur.

— Je m’excuse, Mesdemoiselles, leur dit Kerbiquet, de vous voir imposé ce répugnant spectacle, mais c’était inévitable.

Les corps des quadrumanes géants furent jetés à la mer, et le capitaine donna l’ordre de hisser les voiles, et de reprendre la direction du Nord, tandis qu’avait lieu sur le radeau des Européens, et derrière le corps énorme du mastodonte, une scène qu’il faudrait renoncer à décrire.

Tous étaient fous de Joie. Van de Boot avait pris dans ses bras sa filleule Wilhelmine, et ne l’avait quittée, après de longs embrassements, que pour se jeter sur Francken et le secouer chaleureusement, en dépit de sa blessure. Lhelma, délivrée de l’étreinte du savant, s’était avancée vers Margaret Flower, un peu seule et mélancolique au milieu de cette exubérance, et l’avait enlacée en lui promettant de l’aimer comme une sœur. Le président et Kerbiquet se tenaient volontairement à l’écart de ces effusions amicales et familiales, mais il leur avait fallu s’y mêler malgré eux. Van de Boot les avait serrés sur son cœur sans attendre de les connaître. Puis il avait pris dans ses bras les Sous-Terriens présents sur le radeau amiral, si l’on peut ainsi s’exprimer. Il aurait embrassé le mastodonte, si l’animal s’y était le moins du monde prêté.

Francken, de son côté, remplissait le pont des écarts et des gambades de sa ronde petite personne. Il oubliait sa souffrance ; il parlait, riait et chantait tout à la fois. Il était arrivé, en quelques secondes, aux plus extravagants témoignages de sa bruyante gaieté.

Une grêle de balles s’abattit tout à coup sur les radeaux…