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une descente au monde sous-terrien

Les radeaux ayant orienté leurs voiles et repris la direction de l’île fortifiée, les Sous-Terriens se dissimulèrent derrière les mastodontes, qu’on avait fait accroupir. Les Européens les imitèrent, Francken tenant à la main un drapeau blanc improvisé d’une des jupes de Lhelma.

Mais, dès qu’on fut à portée, une fusillade intense éclata, et une grêle de balles s’abattit sur les éléphants antédiluviens, qui, d’ailleurs, ne parurent même pas s’en apercevoir.

On continua d’avancer, comme il avait été convenu. Et quand il n’y eut plus que deux cents mètres entre les radeaux et la falaise, le petit docteur, qui avait voulu se montrer le premier, prétendant être plus reconcaissable que les autres, monta comme il put sur le dos de son mastodonte, et se mit à agiter le drapeau blanc.

Tout le monde s’attendait à voir, après quelques secondes d’indécision, le feu cesser chez les Kra-las, puisqu’on les savait commandés par Van de Boot. Il n’en fut rien. Tandis que le petit homme balançait avec conviction le jupon de Wilhelmine, une rafale de projectiles se mit à siffler autour de lui, et il tomba, sanglant, dans les bras de ses compagnons.

Mais la fusillade ne s’arrêta pas ; elle redoubla de violence, au contraire.

— Ce n’est rien, se hâtait de dire Francken ; une égratignure à l’épaule. Mais il faut que Van de Boot soit devenu aveugle. Il n’a vu ni le drapeau blanc ni moi, et je le voyais en détails, tiraillant de toute son ardeur. Qui sait si ce n’est pas lui qui m’a jeté par terre ?

Et le brave petit docteur s’évanouit, car ce qu’il qualifiait