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une descente au monde sous-terrien

Ces travaux achevés, les Kra-las le considéraient à peu près comme un dieu. Tous lui parlaient avec vénération, il entendait parfaitement leur langage, maintenant, et se prosternaient avec humilité devant lui. Tous lui obéissaient au moindre signe, et l’existence à la face intérieure de la terre aurait été fort supportable pour Van de Boot et celle qu’il traitait maintenant en fille adoptive, sans la nostalgie du monde supérieur qu’il leur était impossible de guérir, et sans la certitude où ils demeuraient d’être des condamnés à perpétuité. Car personne, assurément ne découvrirait jamais le lieu de leur exil, et toute évasion leur était impossible. Comment auraient-ils recommencé, seuls et faibles, le voyage que les géants du monde inférieur avaient eu tant de mal à accomplir, malgré leur prodigieuse puissance musculaire ?

Cependant Van de Boot voulut mettre à profit la bonne volonté des Kra-las, et leur fit construire la maisonnette plus tard découverte par la reconnaissance du président de la République Centrale. Dans cette maisonnette, divisée en deux chambres à coucher et une salle commune, il fit placer les meubles indispensables, dont il lui fallut inventer la fabrication, et, à dater de cette époque, la jeune Margaret Flower témoigna de quelque nouvel attachement à la vie. Elle ne retrouvait ni le confortable des habitations humaines, ni l’espoir de regagner un jour la surface supérieure, mais elle avait du moins un home, un lit, et de quoi faire pour elle et le vieux savant une cuisine convenable.

Ainsi, leur existence de Robinsons devenait supportable, et moins pénibles les heures de l’exil.

Lorsque Jean Kerbiquet eut donné l’ordre de la retraite, et