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une descente au monde sous-terrien

Pitoyablement meurtri, le malheureux resta longtemps inconscient et immobile. Quand il revint à lui, souffrant de tout son corps, la force lui manquait pour gravir la cheminée par laquelle il était involontairement descendu, et la faim ne tarda pas à le torturer. Il partit, il se traîna, plutôt, à la découverte, par une galerie latérale au point où sa chute l’avait fait aboutir, et, tantôt broutant les lichens qu’il rencontrait sur les roches, tantôt, au contraire, prêt à succomber d’inanition, atteignit après un interminable voyage la zone neutre que nous avons décrite, et où la pesanteur disparaît.

Alors il commença à remonter, s’imaginant qu’il revenait vers le lieu de sa naissance. Cependant, c’était vers la face supérieure de la terre que son ascension le conduisait ; et, après bien des péripéties, il y arriva, pour le plus grand étonnement de son âme naïve. Étonnement qui se transforma bientôt en terreur, car des hommes montant une barque accostèrent l’îlot où il avait abordé lui-même, et se mirent à exécuter devant lui toutes sortes d’actions étranges, et auxquelles il ne comprenait rien. En outre, c’était la nuit que s’était produite son arrivée, et il s’était senti saisi d’une vague épouvante à la vue de ce ciel noir piqué d’étoiles, de cette lune versant sur le sol une lumière froide, et de la couleur inconnue pour lui de l’atmosphère.

Il eut la chance de n’être pas découvert, se replongea dans son puits, et observa. Mais rien ne lui donna le désir de se montrer aux êtres curieux qu’il venait de rencontrer. Ceux-ci, en effet, aussitôt le jour venu, se mirent à parcourir les rochers une sorte de tube à la main. Et quand ils apercevaient un animal quelconque, otarie jouant au bord de la mer ou