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une descente au monde sous-terrien

« Je dis : qui doit se trouver au sud du cap Horn, parce que je n’en suis pas absolument certain, et parce que les instruments me manquent qui me permettraient de m’en assurer.

« Le navire sur lequel j’avais pris passage a été assailli, à la latitude du cap Saint-Roch, par une épouvantable tempête du Nord. Il s’est mis à la cape, au risque de perdre beaucoup de temps. Malgré cette précaution, la mer lui a enlevé son gouvernail, puis son hélice s’est faussée et son arbre de couche s’est brisé. L’océan était si furieux qu’il ne fallait songer à entreprendre aucune réparation. Le capitaine du Marvellous a voulu se servir de sa voilure basse et de la barre de fortune pour conserver une espèce de direction. Le tout a été emporté en moins d’une heure. À partir de ce moment, le navire n’a plus été qu’un lamentable ponton furieusement ballotté sur des lames gigantesques, et qu’un ouragan de la plus extrême violence chassait continuellement vers le Sud.

« La tempête a duré cinq grands jours sans une seule minute d’accalmie ; cinq jours pendant lesquels nous n’avons pas cessé d’avoir la mort sous les yeux.

« Avant-hier, pendant la nuit, la vigie a signalé : « Terre devant. » Cette terre, c’était l’île où je suis, qui nous barrait la route. Le Marvellous y courait à la vitesse d’un grand galop de charge, et rien au monde se pouvait nous la faire éviter. Le capitaine s’est montré admirable de sang-froid et de courage.

« Il a fait monter dans les baleinières du navire les passagers heureusement peu nombreux, et l’équipage. Il est resté