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une descente au monde sous-terrien

tourner, même en Hollande, tant il est vrai que ce que nous considérons comme une calamité ne fait pas grand’chose au train du monde.

La terre avait même si bien continué de tourner qu’un assez étrange individu d’origine douteuse, qui se disait Chinois pur, et paraissait sang-mélé, s’était mis sur les rangs pour la succession de Cornélius Van de Boot à l’Académie de Saardam. Cet oriental, naturalisé Hollandais, possédait une grosse fortune. Il en était d’ailleurs aussi avare qu’Harpagon lui-même, et quand il fallait lui tirer une pièce d’or pour une œuvre de bienfaisance quelconque, c’était un siège en règle qu’on devait organiser. Encore l’investissement ne donnait-il pas toujours le résultat attendu.

Il était laid, par dessus le marché, comme les sept péchés capitaux, avec une de ces faces chafouines et fausses qui répandent autour d’elles l’antipathie la plus caractérisée.

Il s’appelait Ah-Fung, et se faisait traiter de Van Ah-Fung depuis sa naturalisation. Il avait posé sa candidature à l’Académie des sciences de Saardam, à titre de zoologue ; il exhibait pompeusement deux ou trois manuscrits qu’on le soupçonnait avec persistance d’avoir copiés, quelques ossements de mastodonte chevelu qu’il devait avoir achetés au bric-à-brac de sa ville natale, et remuait ciel et terre pour arriver à ses fins.

Dans quel but, c’est ce que la suite de ce récit nous apprendra probablement.

Un premier examen de sa requête avait eu lieu à l’Académie, et le Hollandais-Chinois n’y avait reçu qu’un accueil