Page:Pierre Luguet Une descente au monde sous-terrien 1909.djvu/234

Cette page n’a pas encore été corrigée

228
une descente au monde sous-terrien

Mais, dans la mort même, le géant gardait l’air doux et candide qu’on lui avait toujours connu, et si quelque expression se pouvait lire sur son visage noir et désormais immobile, c’était celle d’une dernière satisfaction, d’un contentement suprême pour avoir fait son devoir jusqu’au bout, pour n’avoir jamais menti au dévouement qu’il avait promis à son maître, et qu’il avait reporté sur la jeune fille confiée à sa protection.

La caravane, assemblée autour des cadavres, demeurait désolée et immobile. Après le vacarme et l’extraordinaire animation du combat, un silence douloureux était tombé, et il y eut quelques secondes de désarroi, pendant lesquelles tous ces braves gens se regardaient, incapables de penser ou d’agir.

Phocas de Haute-Lignée et Francken reprirent les premiers leur sang-froid. Tous deux songèrent ensemble que Lhelma et le petit Satrama, encore privés de connaissance, avaient besoin de soins immédiats. On les emporta jusqu’aux bords du lac, où étaient restés les mastodontes, afin qu’en ouvrant les yeux leurs regards ne tombassent point sur les résultats de la scène de massacre à peine dénouée, et bientôt, sous la surveillance anxieuse du petit docteur et du président, la nièce de Van Tratter et le jeune Sous-Terrien revenaient à la vie, dans un état de faiblesse assez facile à concevoir, après les terribles émotions par lesquelles ils venaient de passer.

Par un hasard à peu près miraculeux, ni l’un ni l’autre n’avaient eu à souffrir de l’étreinte subie entre les bras de l’ours des cavernes et de sa femelle. Les monstres, qui les