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une descente au monde sous-terrien

la grève, pourquoi ces traces ne seraient-elles pas celles de mon parrain Van de Boot et d’une des deux Anglaises, puisque c’est à leur recherche que nous allons ? N’auraient-ils pas pu s’échapper et venir au-devant de nous ?

— Je le souhaiterais de tout mon cœur, Mademoiselle, mais, en vérité, je n’ose pas l’espérer. S’échapper des mains du Kra-la n’est pas chose aisée, pour un vieillard et deux femmes. Mais, en supposant même qu’ils y aient réussi, comment auraient-ils fait pour traverser la mer antarctique et le désert ? Nous y arriverons, nous, et non sans difficultés, croyez-le bien, parce que nous sommes équipés et approvisionnés en prévision de toutes les aventures. Mais ces trois malheureux perdus dans l’immensité morte ! Oh ! que Dieu leur ait épargné cette terrible épreuve !

On approchait. Derrière un monticule sablonneux, assis sur des roches, et qui s’avançait dans la mer, les traces humaines apparurent. Il n’y avait pas à s’y tromper ; Congo avait bien vu.

Une barque, assez mal construite, en effet, et telle que des naufragés à demi outillés pourraient en établir une, gisait sur le sable, éventrée. Entre deux pierres, des cendres froides s’éparpillèrent et autour des débris traînaient : des arêtes de poissons, des ossements d’oiseaux marins, une boîte de conserves ouverte… Les Kra-las n’usent pas de toutes ces choses. Quant aux marques de pas, toute espèce d’hésitation était impossible ; c’étaient bien deux pieds d’hommes que nos voyageurs avaient sous les yeux. À cinq ou six mètres du bord de l’eau, les traces étaient à demi effacées par le vent ; mais près des flots, là où le sable reste humide par infiltration, les deux semelles étaient imprimées comme dans la