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une descente au monde sous-terrien

tinguer entre eux par des noms. Ils n’avaient pas besoin d’autre chose, à la vérité, puisque la mer fournit leur nourriture, et que la mer est inépuisable.

« Ah ! si, cependant. Je leur ai donné encore la possibilité d’écrire et de lire leur langue, et c’est de cela, sans doute, qu’ils me sont le plus reconnaissants.

« Le temps, quand je suis arrivé ici, était une chose vague, indéfinie, et qu’on subissait sans y penser. Quant à le diviser en périodes comme nous l’avons fait sur terre, personne n’y avait jamais songé, pour cette bonne raison qu’on ne s’aperçoit pas de la rotation du globe, que les jours et les nuits solaires sont inconnus, ainsi d’ailleurs que les saisons, les phases de la lune, les marées, et, en général, tous les indices qui nous ont permis d’établir un calendrier. Quand je demandais son âge à un Sous-Terrien, il y a dix ans, ou combien de temps il avait déjà vécu, il répondait vaguement qu’il arriverait bientôt aux cheveux gris, ou qu’il se sentait dans sa force, ou que son père était très vieux, etc., etc.

« Dès lors, j’ai inventé une sorte de grand sablier que j’ai réglé le plus minutieusement possible en me servant de mon chronomètre, qui me donnait midi et minuit de la terre. J’y ai joint un basculateur automatique qui le renverse à la seconde précise où il est vide, et un de mes secrétaires y a ajouté un marqueur de sa composition, qui fonctionne chaque fois que l’appareil se retourne, c’est-à-dire de douze en douze heures. Et nous sommes arrivés à une assez grande précision, puisqu’au bout du premier mois d’usage il n’y avait qu’une minute de différence entre l’heure du sablier et l’heure solaire. Cette minute d’erreur, nous l’avons d’ailleurs corrigée depuis.