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une descente au monde sous-terrien

— Oh ! n’en parlons pas !…

— Si, si, parlons-en ; parlons-en beaucoup, au contraire, car c’est un exemple à méditer. Figurer-vous, capitaine, figure-toi, ma petite Lhelma, que dans le pays où nous sommes, l’or n’est pas plus rare que les cailloux sous nos champs. Je ne m’en suis aperçu qu’à la fin de ma promenade, mais avant de m’en apercevoir, j’avais peut-être écrasé des millions. J’ai sans doute encore de la poussière d’or dans mes semelles. Les Sous-Terriens n’y font d’ailleurs pas la moindre attention. Mais je persiste à penser, Monsieur le Président, qu’un homme comme vous, qui a les moyens de regagner à sa volonté la face supérieure de la terre, qui pourrait en toute facilité s’y conduire en milliardaire, en archi-milliardaire, et qui demeure ici à gouverner ces braves gens, à les rendre le plus heureux possible, sans même vouloir qu’on le sache, doit posséder l’ensemble des plus hautes vertus. Qu’en pensez-vous, capitaine ?

— Je suis tout à fait de votre avis, répondit Kerbiquet.

— Et toi, Lhelma ?

— Je crois qu’en effet peu d’hommes seraient capables d’un tel sacrifice, répondit sérieusement la jeune fille.

— Mademoiselle, Messieurs, dit en riant le Président, j’aurai peine à vous enlever quelques illusions, mais il est réellement nécessaire que les choses soient remises au point. Il ne m’a pas fallu, pour me décider à vivre ici, la haute abnégation dont parle Monsieur le docteur ; il m’a fallu, simplement, constater que je m’y trouvais mieux qu’ailleurs. Et je l’ai constaté presque en arrivant, c’est-à-dire le jour où j’ai été assez heureux pour débarrasser les Sous-Terriens de leurs