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une descente au monde sous-terrien

marin, et non orateur. Et je vous ai demandé quelques minutes de votre attention pour vous faire part d’un incident de mon dernier voyage qui vous intéresse directement.

Ainsi que vous l’a dit votre président, je suis rentré hier d’une croisière en Chine, ou je m’étais rendu en faisant le tour de l’Australie, parce que rien ne me pressait.

Il y a deux mois, comme je me trouvais par 50° de latitude Sud, et par 140° à l’Est du méridien de Paris, j’ai vu flotter sur la mer une bouteille, ou plutôt une sorte de bocal semblable à ceux qu’on emploie pour conserver les cerises à l’eau-de-vie ou les cornichons. Je l’ai fait pêcher, je l’ai fait ouvrir, et j’y ai trouvé un document assez mal scellé, plié à la hâte, aurait-on dit, et que l’eau salée avait un peu détérioré, parce que la fermeture du récipient n’était pas hermétique. Ce document portait, au crayon, une suscription en français, en anglais, en allemand et en hollandais, que j’ai pu déchiffrer après quelques efforts. Et cette suscription était : « Académie des Sciences de Saardam. » J’ai remis le papier dans son bocal, et le bocal dans le coffre-fort du Pétrel. Le Pétrel est le yacht que je commande. J’ai écourté le séjour que je voulais faire en Chine, et me voici prêt à vous délivrer ce que j’ai apporté à votre intention, pour peu que vous en manifestiez le désir.

— Oui ! oui ! s’écrièrent ensemble les Hollandais, et même Lhelma qui était restée dans la salle au lieu de rentrer à la maison comme le lui avait ordonné son oncle.

— Monsieur le président, poursuivit Jean Kerbiquet, si vous voulez bien mobiliser un de vos huissiers, il trouvera devant la porte une voiture, et dans cette voiture un de mes matelots, porteur du bocal en question.