Page:Pierre Luguet Une descente au monde sous-terrien 1909.djvu/17

Cette page n’a pas encore été corrigée

11
une descente au monde sous-terrien

voix grave ne le voulait pas. Mais comme la voix jeune parlait en français, et que la voix grave se faisait entendre en hollandais seulement, la discussion aurait duré, sans doute, si le président, ému enfin du tapage, ne fût allé voir ce qui se passait.

— Qu’y a-t-il ?

— Monsieur veut entrer malgré la consigne, répondit en hollandais l’homme chargé de la garde de la porte.

— Cette tête de mulet ne veut pas me laisser pénétrer, répondit l’étranger en français, bien que je me tue à lui expliquer que j’ai une communication importante à faire à l’Académie.

Le président comprenait heureusement les deux langues, ainsi d’ailleurs que tous les membres de la savante compagnie de Saardam.

— Vous avez une communication à faire à l’Académie, Monsieur ?

— Oui, Monsieur. Et il y a un quart d’heure que je le hurle à cet oison. Est-ce qu’il est sourd ?

— Non, Monsieur, mais il n’entend pas le français.

— Il a tort, trancha l’inconnu ; c’est la plus belle langue du monde.

— Nous en sommes d’accord, Monsieur, répondit courtoisement le président.

— Mais passons, reprit son interlocuteur. À qui puis-je m’adresser, Monsieur, pour entrer dans la salle des séances de l’Académie ?

— À moi-même, Monsieur. J’ai l’honneur d’en être le président.