Page:Pierre Luguet Une descente au monde sous-terrien 1909.djvu/151

Cette page n’a pas encore été corrigée

145
une descente au monde sous-terrien

Puis, lui-même se livra au repos. Et si, dans le tunnel vertical traversant l’épaisseur terrestre, les Kra-las n’eussent pas fermé leurs yeux pbophorescents et aboli ainsi toute lumière, ç’aurait été en spectacle curieux pour l’observateur, sans doute, que celui de ce dortoir de gens, deux humains et trente monstres, étendus sur l’air, étendus sur rien, flottant dans le vide et dormant profondément.

Sept ou huit heures plus tard, les quadrumanes géants s’éveillaient et se disposaient à se remettre en route.

Le zoologue et la jeune Anglaise s’en furent dire un dernier adieu à la dépouille de leur compagne, qui reposait pour toujours sur une margelle de granit, et l’étrange caravane repartit.

Cette fois, les prisonniers n’étaient pas portés par leurs ravisseurs ; ils marchaient comme eux, ils le faisaient d’ailleurs avec une légèreté et avec une facilité extraordinaires, exécutant sans effort des bonds prodigieux, volant, pour ainsi dire, d’une saillie à l’autre du tube.

— Je vous prie de remarquer, dit le savant à sa compagne, que nous poursuivons notre route dans la même direction qu’hier, vers le centre de la terre, et que cependant nous montons.

Les Kra-las et leurs captifs firent pendant cette journée un chemin considérable. Les deux humains constatèrent, le soir, toutefois, qu’ils ne se sentaient plus aussi légers, et qu’ils n’auraient plus pu dormir en l’air. La pesanteur avait recommencé à agir sur eux. Pour se reposer, il leur fallut s’étendre sur le sol d’une grotte ouverte aux parois du tunnel. Et,