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une descente au monde sous-terrien

— Messieurs, la séance est ouverte. Je donne la parole à notre savant et honorable collègue Julius-Ludovic Van Tratter.

Ces simples paroles furent suivies d’un murmure approbateur.

Et Julius-Ludovic Van Tratter, qui jusqu’alors était demeuré paisiblement à sa place, dessinant des petits bonshommes et pensant Dieu sait à quoi, se leva et monta sur l’estrade.

C’était un académicien d’une soixantaine d’années, grand, très robuste et très vert, le visage entièrement rasé, une profusion de longs cheveux blancs lui faisant comme une auréole, et qui toute sa vie avait promené un regard bienveillant et surpris sous des lunettes de myope. Les traits du visage étaient suffisamment réguliers ; l’homme était correctement vêtu d’une redingote noire, d’une cravate blanche et d’un plastron de chemise boutonné d’or.

Il jeta les yeux sur ses collègues assemblés, souleva ses lunettes pour se frotter les yeux, parut sortir d’un songe, et dit :

— Les membres de l’Académie des sciences de Saardam voudront bien m’excuser : j’ai oublié chez moi le rapport que je désirais leur lire. Je vais le chercher.

Et il descendit de l’estrade aussi tranquillement qu’il y était monté.

Sa déclaration n’avait provoqué d’ailleurs aucun étonnement exagéré ; à peine quelques sourires indulgents s’étaient-ils montrés. Les collègues de Van Tratter étaient probablement habitués à ses distractions.