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une descente au monde sous-terrien

Pour la jeune Anglaise, elle paraissait, maintenant, ne pas vouloir accepter sans objection la théorie suivant laquelle la croûte terrestre posséderait deux surfaces habitables, et habitées.

— Je vous demande pardon, dit-elle timidement ; je ne suis qu’une modeste institutrice, et mon audace est grande certainement d’oser entrer en discussion avec un savant tel que vous, mais il y a dans ce que vous venez de dire des choses qui me gênent.

— Lesquelles ?

— Que faites-vous, dans votre supposition, du feu central ?

— Je le supprime, simplement. Le feu central n’existe pas. Le feu central n’est qu’une vieille balançoire inventée par les hommes, parce qu’elle leur était commode pour expliquer un tas de choses, mais qui disparaît de ma science comme le centre, point de réunion des pesanteurs, en a déjà disparu.

— Mais… les volcans ?… disait la jeune fille.

— Les volcans ne m’embarrassent pas le moins du monde, poursuivit le professeur, très animé. Je ne les supprime pas, bien entendu, parce que je les ai vus et qu’ils sont tangibles, mais je les explique autrement. Et ce ne sont pas les moyens qui me manquent. En voulez-vous un, au hasard ? Vous savez qu’au contact de l’eau certains corps défiagrent violemment et produisent une énorme quantité de gaz ! Supposez un dépôt d’un de ces corps cachés au sein du sol terrestre, et l’eau de la mer arrivant jusqu’à lui par une fissure de ce sol. En voilà plus qu’il ne faut pour faire éclater la croûte, et pour provoquer une éruption complète, avec jets de pierres, jets de cendres, coulées de lave et destruction d’une ville si elle se