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une descente au monde sous-terrien

et bientôt tout le monde se trouva entre deux eaux, sous la surface d’un lac souterrain et glacé.

Pour les Sous-Terriens, c’était un répit, un soulagement, et un repos ; mais pour les Terriens ordinaires, qui n’étaient pas amphibies, et qui, en outre, ne pouvaient faire un seul mouvement, c’était la mort à brève échéance.

Ils suffoquaient déjà, que les Kra-las prenaient leurs ébats, et se disposaient à goûter un repos durement gagné, Ces êtres organisés pour vivre dans l’eau, et qui n’avaient jamais vu de créatures purement aériennes, ne pouvaient pas deviner que leur élément fût fatal à qui que ce soit. Et ils avaient plongé avec joie, avec reconnaissance, pourrait-on dire, sans se douter le moins du monde qu’ils emportaient vers une fin certaine leurs colis humains.

Cependant, ils s’aperçurent rapidement que quelque chose ne marchait pas dans les profondeurs liquides où ils se trouvaient pour le moment. Et ils remontèrent à la surface. Ils avaient assurément des raisons pour conserver vivants leurs prisonniers. Ils les portèrent jusqu’à la rive du lac, où ils les déposèrent à demi-asphyxiés, leurs vêtements naturellement ruisselants, glacés et dans un état lamentable. Pendant quelques instants, les trois malheureux, quoiqu’ils eussent été déliés, demeurèrent sur la berge, incapables d’un mouvement. Puis ils purent s’aider un peu. Cornélius Van de Boot ramassa dans les roches avoisinantes de hauts lichens desséchés dont il fit un tas volumineux. Puis, il s’ingénia à produire du feu au moyen d’un morceau de silex et d’un trousseau de clefs qu’il avait gardé dans ses poches. Une partie du lichen, qu’il avait ramassé, possédait heureusement l’appa-