Page:Pierre Le Loyer - La Néphélococugie, édition de 1869.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
néphélococugie
Genin

Bien doncq’ cherchons une femme à loisir,
Qui telle soit comme est nostre desir :
Et cependant d’un vol prompt et agile,
Monte dans l’air, et fay que nostre ville
Soit avancée et que les murs soient fortz
Autant dedans comme par le dehors,
Que les creneaux, les cazemattes belles,
Les parapetz, les tours et les remparts
Soient bien rangez, ordonnez et espars ;
Que les maçons, avec la diligence,
Usent aussi d’art et de prevoyance,
Compassans bien leur ouvrage au niveau,
Affin qu’il soit plus uny et plus beau :
Et sois tousjours en presence toy-mesme,
Pour commander comme Prince supresme ;
« Car l’œil du maistre a pouvoir de pousser
« Une besoigne et la faire avancer. »
Et par sus tout il faut que tu commandes
Que les Cocus aillent par Pair en bandes,
Environnant de nos murs le circuict,
Et faire guet tant de jour que de nuict,
Courir souvent dessus les advenues,
Battre l’estrade, et rôder par les nues,
Pour découvrir si on verra par l’air
Quelques Oyseaux finement se couller,
Qui tascheroient, cachez en embuscade,
De nous donner une chaude algarade,
Et moyenner que noz murs commencez
Feussent du tout de l’œuvre delaissez.
Puis cela faict il te reste de faire
Ce qu’aux Cocus n’est pas moins nécessaire :
Tu envoiras aux hommes un heraut,
Et aux grands Dieux qui habitent là haut :
Aux Dieux, affin qu’ores ilz nous honorent,
Et aux humains affin qu’ilz nous adorent