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néphélococugie
Genin

Rien ne vous fault, et sans doubte on peult croire
Que vous serez en aussi grande gloire
Que sont les Dieux vers les hommes mortelz ;
Ilz vous feront, comme aux Dieux, des autelz,
Et sacreront à vos grandeurs des temples,
Et de presens et de richesses amples
Les orneront, et de voeux presentez
Apaizeront vos sainctes majestez.

Chœur

Voire comment nous penseront les hommes
Que nous soyons aultres que nous ne sommes
En nous voyant des ailles sur le dos ?

Genin

Vons ne parlez rien qui soit à propos,
Car le facond Atlantide Mercure
Qui des haultz Dieux les affaires procure,
N’a-t-il au dos des ailles, dont souvent
Il rode, il vole à la force du vent ?
N’affuble-t-il au chef sa capeliere ?
Et ne prend-il souvent sa talonniere ?
Et la Victoire, à qui les braves Roys
Dressent leur veu, leur priere et leur voix,
N’a-t-elle pas deux ailles décorées
D’un beau poil jaune, et les plumes dorées ?
Iris encor, si d’Homère les vers
Ne sont du tout de mensonges couverts,
Prompte à voler fend l’air à tire d’aille,
Estant semblable à une colombelle ;
L’enfant Amour qui blesse les oyseaux,
L’homme, les Dieux, et tous les animaux
De son vif trait, de ses flammes mortelles,
Ne porte-t-il semblablement des ailles ?
La foy en porte, et les vertus aussi
Qui dans les cieux s’envoleront d’icy,