Vous perdez temps, il est autant possible
Que nostre cœur de rage soit paisible,
Qu’il est possible entre les grandz trouppeaux
Des gras moutons et des petitz aigneaux,
Que le loup puisse empescher sa furie
Et s’en aller hors de la bergerie.
Mais s’ilz vous sont de nature ennemys
Et qu’ilz vous soient en leur pensée amys,
Estans venus pour service vous faire,
Voudriez-vous bien les meurtrir et deffaire ?
Quoy ? pourrions-nous aucun service avoir
Des hommes promptz à tousjours decepvoir,
Malings, ruzez et ayans davantaige
Faict à nous tous et maint et maint outrage,
Les ennemys les plus pernicieux
Qu’ont eu jamais noz anciens ayeux.
Ilz vous don’ront conseil en voz affaires.
Comment peut-on de ces grandz adversaires
Prendre conseil ? Ce seroit pour néant,
Et ne seroit utile ne seant.
« Si pouvez-vous, en le voulant entendre,
« Beaucoup de bien de l’ennemy apprendre,
« Dont le conseil quelquefois est plus sain
« Que n’est celuy de nostre amy certain :