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néphélococugie

Ont mesme humeur, mesmes fascheuses nuicts,
Mesmes desirs et non moindres ennuys.
De ces oyseaux nous prendrons accointance
Par le moyen d’un qui nasquit en France,
Qui autresfois, comme nous estonné
De voir son front de deux cornes borné,
Se retira où les Cocus demeurent,
Oyseaux de bien qui benins le reçeurent,
Le feirent Roy et luy meirent en main
Le Sceptre esleu d’un Cocu souverain :
Et maintenant d’une puissance grande,
Comme seigneur aux Cocus il commande,
Estant changé, ains que de commander
En une forme estrange à regarder :
Il n’est oyseau ny homme tout ensemble,
Et toutesfois l’un et l’autre il ressemble :
Il a plumage ainsi comme l’oyseau,
Et comme luy chante au printemps nouveau ;
Ce nonobstant, comme un homme il devise,
Il fait, il parle, il propose, il advise,
Il a des mains et aussi des piedz telz
Comme les ont tous les hommes mortelz.
Il crache, il tousse, il pète, il rote, en somme,
Il est semblable au naturel de l’homme ;
Mais il differe en cecy des humains
Qu’il est oyseau et ne l’est neanmoins,
Car sa grande aille estendue à merveille
Monstre qu’il n’a une essence pareille
À l’homme, et moins à un Cocu aussi,
Car le Cocu a le corps tout noircy
D’ailles, de poil, de piedz et de plumage,
Et n’a qu’un bec en lieu d’un beau visage ;
Son corps est moindre et est bien plus leger
À prendre vol que son Prince estranger.
Or, ce grand monstre, ensemble oyseau et homme
Est de Paris et Jean Cocu se nomme ;