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la comédie


Genin

Je le diray, mais devant je proteste
Que cela m’est bien fascheux et moleste.

Cornard

Qui va comptant à autruy ses douleurs,
« Il allentist la pluspart de ses pleurs ;
« En le celant nostre mal se renforce,
« Et l’esventant il demeure sans force. »
 

Genin

Depuis le temps que Jupin irrité
Du larrecin de ce fin Promethé,
Nous envoya afin de nous mesfaire
La femme, helas ! nostre mal nécessaire,
Ce feut alors que tout genre de maux,
D’ennuys, de soings, de penibles travaux,
Que la famine, et la peste, et la guerre
Ont fourmillé par elle dans la terre,
Plus dru cent fois qu’on ne void aux espis,
Parmy les champs, courir maintes fourmis,
Et aux jardins là diligente avette
Couvrir autour le front d’une fleurette.
La femme est cause, ô genre trop maudit !
Que le peché est seul en grand crédit,
Ayant si fort sa racine profonde,
Qu’il en remplist l’enfer, la terre et l’onde ;
D’elle est l’orgueil, d’elle est la passion
Qu’on nomme amour, d’elle l’ambition,
L’ire, la rage et l’aspre frenaisie
De cocuaige et de la jalouzie.
Dès aussitost qu’elle a un peu gousté
Aux hameçons cachez en volupté,
Elle s’y prend, et sans raison ny bride,
Court eshontée où sa teste la guide,