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néphélococugie

Divin flascon qui tiens la douce goutte,
Entre en ma bouche et m’asseure du doubte
De ces chemins incertains et divers ;
Par maintz travaux, par maintz ennuys souffertz,
Espointz des maux qui nostre cœur incitent,
Nous en allons où les Cocus habitent ;
Là les destins, d’un arrest ordonné,
Nous ont promis un repos fortuné.
Ô le bon vin, le vin a une oreille !
Je sens desjà que je diray merveille,
Allons tout droict, nous ne faudrons jamays,

Cornard

Tu parles bien, ton oracle j’admetz ;
Si nous eussions, malheureux et infâmes,
Cheminé droict sur le corps de nos femmes,
Ayans le manche, et l’outil tousjours prompt,
Nous n’aurions pas deux cornes sur le front.

Genin

C’est nostre faute, et quand bien tout je sonde,
Il n’y a rien si equitable au monde
Comme la femme, à qui en tout endroict
Autre vertu ne plaist tant que le droict.

Cornard

Nous esgarons en ces propos obliques,
Lesquelz nous font dolens et fantastiques,
Partant, marchons, sans plus nous arrester :
Mais en allant je te supply conter
Aux spectateurs, qui longtemps le desirent,
Quelz sont les maux qui cruelz nous martirent,
Qui en est cause, et pourquoy et comment
Nous est venu nostre premier tourment.