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tournent de l’Orient en l’Occident. Car les parties Orientales par Homère, en son douziesme livre de l’Iliade, sont figurées par la partie dextre, et les Occidentales par la senestre en ces vers :

Eit’ epi dexi’ iosi pros Eo t’ Eelionte
Eit’ ep’ aristera toige poti zophon êeroenta
(Iliade, XII, 239-240.)

L’Antistrophe, quand ledict chœur se tournoit de la partie senestre en la dextre, à la proportion et analogie des Planettes qui se tournent de l’Occident en l’Orient ; et l’Épode, quand il s’arrestoit sans se mouvoir et bouger de son lieu, à la proportion aussi et analogie de la terre, laquelle asseurée en son poix et sur son centre, où toutes choses pesantes s’arrestent, ne bouge de son lieu et ne se mouve jamais. Le premier qui usa doctement et proprement en nostre langue françoise de Strophes, Antistrophes et Épodes, ce feut Ronsard, les accommodant en la louange de noz Princes, comme par un Panégyrique qui se doit faire en une assemblée de peuple, telles qu’estoient les assemblées des Jeux Olympiques, Nemées, Istmiques et Pythiques. Ceux qui après les ont accommodées autrement à leurs fantasies, monstrent s’estre joüez de leur peine et n’avoir entendu aucunement les escriptz des Grecz. Quant à moy, je m’en suis servy assez passablement en ma Comédie, sans vouloir trop me vanter, et ay faict et entrepris chose qui jamais n’a esté veüe en France, ramenant comme du tombeau la vieille Comédie, et essayant de la faire revivre entre les François, en coupant et tranchant ce qu’elle avoit de vicieux. Et si j’ay esté heureux, je le sçauray