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au lecteur

Catons vouloient censurer mon livre pour estre lascif, je leur diray ce qui fut dict à Caton, qui estoit allé voir la célébration de la feste de la Déesse Flore, où la jeunesse se licencioit de faire choses un peu folles, Id circo venisti ut statim exires.

Aussi vous, Catons, voulez lire mon livre afin de le reprendre. Ne le lisez, ainsi ne vous fera-il point de mal au cerveau et si vous le lisez, ne le reprenez point, ains plustost excusez la licence qui estoit permise en la vieille Comédie de se railler et se gaudir assez lascivement ; et si j’en use, estimez que c’est avec mon patron Aristophane, jaçoit qu’en ma lasciveté j’ay tel respect que je ne tranche point les mots que les Latins ont appelé prœtextata, et lesquelz Aristophane, sans aucun esgard, prononce pour esmouvoir risée aux spectateurs, ains je les figure par circonlocutions et parolles ambiguës, et à deux ententes, observant partout ce que les Grecz appellent prépon, et sçachant bien à quelles personnes j’accommode mes parolles, et les continuant ainsi depuis le commencement jusques à la fin, selon les préceptes d’Horace, comme tu verras par le fil de la Comédie, laquelle si je n’ay divisée par actes et par scènes, j’ay en cecy suyvi Aristophane qui n’en faict point, mais au lieu il y a des Chœurs, des Parabases, des Épirrhemes et des Pauses, qu’appelle Aristophane Kommatia, par lesquelles sont distinctz et divisez les actes et scènes, que depuis on a introduicts en la nouvelle Comédie.

« Lors que le cœur s’enfuit depité,
« Estant le droict de mal parler osté. »

Ainsi que dict Horace en son Art poétique. Et