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au lecteur

traduicts en nostre langage françois. Estant la vieille Comédie du tout deffendue, pour ce, qu’elle reprenoit nommément les hommes et leurs vices, et ne voulant Aristophane pour tout cela cesser, il inventa une autre sorte de Comédie qui voiloit et figuroit les desbordemens et passions des hommes, et en feist l’essay premièrement sur la Comédie intitulée Cocale, qui est perdue, et son Plute, qui encores nous reste. De ces deux Comédies prindrent leur modelle Menandre, Philemon, Apollodore, Diphile et autres à composer les leurs, lesquelles ont depuis imité les Latins, et depuis noz François, Italiens et Hespagnolz. Mais je n’ay pas entrepris de descrire particulièrement les louanges de ce Poëte, pour lesquelles ne suffiroit un livre gros et entier, à les recueillir toutes de ce qu’il a composé. Ce que j’ay amené, et assez prolixement discouru, c’estoit pour tomber sur le propos de l’imitation que j’ay faite en ma Comédie de ce Poëte, à sçavoir de ses Oyseaux, en accommodant en particulier sur une sorte d’oyseaux ce qu’il a fait en général sur tous ; reprenant les volages et inconstans espritz de son temps, et comme luy accusant aussy les affections et vicieuses passions des hommes, et les vains tourmens d’une chose qui ne leur touche rien, quoy qu’ilz disent, ny à leur honneur, ny à leur réputation, avecques telle modestie et tempérance toutesfois, que sans taxer nommément quelqu’un, je semble plustost suivre la nouvelle Comedie que la vieille, et si je taxe un tel abus qui jusques aujourd’huy occupe noz fantasies, je les taxe en commun, tellement qu’il n’y a homme aucun tant rébarbatif et fantastique soit-il, qui y puisse prendre pied et qui doibve penser y estre taxé. Que si quelques