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la comédie
Promethée

Tu ne sçaurois mieux vouloir et parler.
Adieu, Genin.


Genin

Adieu, Genin. Devant que t’en aller,
Je te supply, conte-moy que je sçache
En quel endroict Priape ores se cache,
Qui aussitost devint esvanoüy
Qu’il eut, craintif, noz puissances ouy.

Promethée

Il est au fond d’une caverne obscure
Et là caché mille ennuys il endure ;
Mais entre tous luy vient à contre cœur
De ne voir plus son membre en sa vigueur
Qui se retire, et alors qu’il le taste
Reste plus mol à toucher que la paste :
Bref il n’a rien qu’un grand boyau pendant
En lieu d’un nerf roide, vif et ardent :
Que s’il se fasche et s’il se deconforte
De sa vertu et sa puissance morte,
Il ne se void moins de douleur sentir
De ne pouvoir s’egayer et sortir.
Comme un cheval qui a pris nourriture
Dedans les prez en foullant la verdure,
N’ayme l’estable et tire son licol,
Et ne pouvant l’arracher de son col
Frappe du pied et gemist souz la peine
En desdaignant et le foin et l’aveine :
Ainsi Priape estant accoustumé
D’aller dehors et de n’estre enfermé
Est dépité qu’aux champs il ne se jette
Et qu’il ne peut exercer sa braguette,
Et voudroit bien un moyenneur avoir
Qui eust credit et moyen et pouvoir